Les années 2020 et 2021 ont donc marqué un véritable tournant dans le comportement des consommateurs mauriciens.
Si entre 2015 et 2019, le marché connaissait une progression relativement constante, la bataille entre voitures neuves et voitures reconditionnées était intense. Ces deux marchés réalisaient, en effet, des chiffres de ventes plus ou moins similaires chaque année avec en point d’orgue l’année 2019 où chacun écoulèrent près de 9000 voitures avec un léger avantage pour les voitures reconditionnées. Et puis il y a eu COVID...

Les deux mauvaises années qui suivirent ont touché aussi bien le neuf que le reconditionné, mais en 2021, une nouvelle tendance se dessinait car pour la première fois, le marché des voitures neuves prenait un net ascendant sur celui des voitures reconditionnées avec plus de 7400 voitures neuves vendues contre un peu plus de 6400 voitures reconditionnées, soit une différence de près de 17%.

Mais le vrai marqueur de ce phénomène sera l’année 2022. Avec la reprise, le marché automobile réalisait chaque mois record sur record. Pourtant, les chiffres de ventes des voitures reconditionnées était même en légère baisse par rapport à 2021. Ainsi, à l’issue de l’année, seulement 6393 voitures reconditionnées avaient trouvé preneur, contre 9795 voitures neuves, soit un écart jamais vu jusqu’alors de plus de 50%.

Cette année, après 6 mois, le marché semble encore s’orienter vers une nouvelle année record, pourtant ce sont encore les concessionnaires de voitures neuves qui vont bénéficier de ce succès. En effet, à fin juin, 5706 voitures neuves ont été vendues contre seulement 3705 voitures reconditionnées.

D’un point de vue global, les importateurs de voitures reconditionnées sont sur des bases comparables à ce qu’ils faisaient avant COVID. Mais face à eux, les vrais gagnants sont les concessionnaires de voitures neuves qui ne cessent de voir leurs chiffres de ventes augmenter. Les explications à ce phénomène sont multiples. Mais les principales raisons sont premièrement la difficulté de l’approvisionnement et la hausse de ses tarifs qui sont difficiles à reporter sur des véhicules d’occasion (surtout en entrée de gamme) qui perdent alors leur avantage tarifaire sur des véhicules neufs. Et deuxièmement, le consommateur mauricien préfère désormais payer un peu plus pour avoir un véhicule neuf même s’il doit pour cela s’orienter vers une catégorie inférieure.

La réussite de Suzuki ces deux dernières années est en même temps la cause et la conséquence de ce phénomène. Des voitures neuves abordables dans les catégories d’entrée de gamme avec la réputation d’un constructeur sérieux. Sans oublier évidemment la présence de deux représentants locaux qui a boosté la concurrence et la visibilité de la marque.